2016/01/17

Une nouvelle connaissance et approche du monde en intégrant «l’information» à la dialectique courante en physique entre «l’énergie» et la «matière» par Michel Saloff Coste

"De la même manière que l’analyse nous montre que la matière n’est finalement que l’accumulation de briques faites de particules énergétiques en vibration, il me semble qu’il est possible de démontrer que ces particules énergétiques ne sont en fait que des oscillations entre deux polarités opposées. Ces polarités peuvent être envisagées comme le zéro et le un qui sont la base de la théorie de l’information qui préside à tout le développement de l’informatique." 





Chers amis,

En terme d’épistémologie il me semble de plus en plus…  que l’on peut fonder une nouvelle connaissance et approche du monde en intégrant «l’information» à la dialectique courante en physique entre «l’énergie» et la «matière».

La physique newtonienne était essentiellement une physique de la matière. Einstein l’a remise en cause en observant que cette physique laissait obscure et incompréhensible un certain nombre de phénomènes d’ordre énergétique notamment l’électromagnétisme. La théorie d’Einstein pour la première fois crée une équivalence entre matière et énergie avec la formule devenue mondialement célèbre: e=mc2. A partir de ce moment là, on comprend que toute matière peut se résoudre en énergie. C’est ce potentiel important d’énergie enfermée au cœur de la matière qui permet alors de concevoir la possibilité d’une bombe atomique et permet de comprendre la longévité énergétique des soleils. Le fait de comprendre que la matière n’est qu’une forme «solidifiée» de l’énergie a modifié notre vision de l’espace et du temps. Dans cette conception, l’espace et le temps ne sont concevables que corrélés à des «événements énergétiques». C’est ce qui donne le caractère caoutchouteux et plastique de l’espace et du temps dans la théorie d’Einstein. La théorie d’Einstein s’est vérifiée dans les moindres détails à travers une multitude d’expériences qui ont été menées ultérieurement. Elles constituent une percée fondamentale dans notre conception de la réalité. Cependant, de la même manière qu’à son époque on accumulait de l’expérience sur l’énergie qui n’arrivait pas à s’intégrer dans la théorie de Newton, aujourd’hui et depuis plus de cinquante ans, se multiplient des observations plus ou moins reliées à la problématique générique de  ’information" que nous avons du mal à comprendre dans la théorie d’Einstein. 
J’ai du mal aujourd’hui à le concevoir mais j’ai le sentiment qu’il faut reprendre complètement notre théorie de la réalité physique en intégrant dedans le niveau de l’information, comme on l’a fait précédemment en intégrant l’énergie dans une théorie globale. Je suis convaincu que cela remettrait profondément en cause de nouveau notre manière de concevoir l’espace et le temps. Je vais essayer de développer les différents éléments théoriques de ce que j’entrevois ainsi que les conséquences.
De la même manière que l’analyse nous montre que la matière n’est finalement que l’accumulation de briques faites de particules énergétiques en vibration, il me semble qu’il est possible de démontrer que ces particules énergétiques ne sont en fait que des oscillations entre deux polarités opposées. Ces polarités peuvent être envisagées comme le zéro et le un qui sont la base de la théorie de l’information qui préside à tout le développement de l’informatique.
 Ce que je propose, c’est de considérer que l’énergie elle-même se réduit à un processus informationnel. A partir de la première oscillation entre un plus et un moins, entre un 0 et un 1, on peut considérer que le monde n’est que la complexification croissante d’un système informationnel qui, en évoluant, a donné toutes les formes d’énergie connues et finalement par agrégation d’énergie, ce que l’on a appelé la matière. De la même manière qu’il est aujourd’hui accepté que l’on puisse analyser le monde physique sous forme de deux approches théoriques complémentaires – corpusculaire ou ondulatoire – je propose un troisième niveau d’analyse théorique : le niveau informationnel. Dans ce contexte, on peut re-développer l’ensemble des sciences mathématiques, physiques, chimiques, biologiques, psychologiques et sociales, dans un nouveau continuum systémique d’interrelations à l’intérieur de la triade : information, énergie, matière.
 Tout cela peut paraître relativement abstrait et c’est pour cela que je donnerai quelques exemples des applications pratiques de cette analyse trialectique. Cela permet de faire une théorie globale de l’évolution qui fait le lien entre la matière, le vivant et la conscience par exemple.
Dans la matière inerte, les trois niveaux sont présents mais disjoints. 
Dans le champ du vivant, apparaît une forme d’interrelation particulière entre l’énergie et la matière qui permet l’autonomie formelle et calorifique du vivant mais aussi son intégrité en terme d’ensemble clos.
Plus le vivant va se développer, plus il créera une nouvelle interrelation mais cette fois-ci entre le niveau énergétique et le niveau informationnel qui est typique de tous les processus de conscientisation. L’homme est caractéristique par sa capacité à conscientiser non pas seulement le plan matériel et énergétique mais aussi le plan de l’information en tant que tel, ce qui permet à l’homme à travers sa culture, de développer la conscience de sa conscience. 
Que ce soit en physique, biologie ou psychologie, il a été plusieurs fois vérifié expérimentalement que des phénomènes informationnels peuvent s’effectuer indépendamment de l’espace et du temps. Ces expériences ont été menées partout dans le monde et l’ensemble des protocoles a été vérifié de multiples manières (conférer les travaux de Mario Varvoglis). Ce qui est étonnant dans ces transferts d’information, quelque soit le niveau où il se situe, matière, tissu vivant ou conscience, c’est que l’information est transmise comme si elle était indépendante de l’espace et du temps. Par exemple, l’éloignement plus ou moins grand, ne semble pas avoir d’influence sur le temps de transmission de l’information qui est, dans tous les cas, instantané. Dans certains cas, l’information semble pouvoir remonter dans le temps ou anticiper ce qu’il va advenir. Tous ces phénomènes défient la physique classique newtonienne mais aussi la physique d’Einstein et, notamment, la constante de déplacement qui est la vitesse de la lumière. Pour bien comprendre tous ces phénomènes, il me semble qu’il faille considérer que au-delà des phénomènes énergétiques, l’essence de la réalité est informationnelle. De la même manière que le plan énergétique ne répond pas aux mêmes lois que le plan de la matière, le plan de l’information ne répond pas aux mêmes lois que le plan de l’énergie.
On doit considérer, compte tenu des expériences accumulées, que sur le plan de l’information, l’espace et le temps n’existent tout simplement pas. Au niveau informationnel, tous les espaces et tous les temps sont concomitants. On peut donc circuler à l’intérieur de cette information qui contient toutes les formes d’espaces et de temps. 
Voici une métaphore pour comprendre ce dont je parle : vous pouvez lire un livre, lettre après lettre, et ainsi il va exister dans un temps donné et chaque phrase sera éloignée de l’une de l’autre en fonction de votre vitesse de lecture. Cependant vous pouvez très bien sauter d’une page à l’autre parce que l’information, elle, est totalement présente à chaque instant. Le monde, dans sa dimension matérielle et énergétique, s’inscrit dans la durée, mais au niveau informationnel, il est un ensemble de données indépendantes de l’espace et du temps, et à jamais présent.
Quand un être humain, à travers ce que j’appelle le niveau «vide», prend conscience de lui-même, il prend en fait conscience de l’ensemble de la totalité de l’être indépendamment de l’espace et du temps et comprend alors que son identité temporelle, en tant que sujet humain, n’est qu’un phénomène éphémère et superficiel face à l’intemporalité de la conscience.
Nous retrouvons cette vision de la réalité aussi bien chez Platon que dans la Bagavadgita mais aussi chez Spinoza, Gilles Deleuze et dans la structure des grands mythes venus d’origines très diverses. Cela est aussi bien exprimé dans un film contemporain comme «Matrix». 

Au XX siècle, nous avons compris deux choses simultanément: une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est qu’il existe des milliards et des milliards de soleils et donc une probabilité quasi certaine d’autres formes de vie dans le cosmos. La mauvaise nouvelle est que l’espace est tellement vaste, les étoiles sont tellement éloignées les unes des autres, que la rencontre et la possibilité de rejoindre ces autres formes de vie est fort improbable. Cependant, cette problématique peut être complètement transformée si nous parvenons à établir des contacts, non plus au niveau matériel ou énergétique, mais directement au niveau informationnel.

 Dans la théorie des «Champs de Réalité», le niveau de la matière est le niveau formel, le niveau énergétique correspond au niveau du turbulent et le niveau vide correspond au niveau de l’information.
Souvent on me reproche d’appeler le terme «vide» du niveau «vide». Effectivement ce terme est très paradoxal puisqu’au niveau de l’information, tout est présent simultanément et contient tout. Peut-être devrais-je appeler ce niveau le niveau de l’essence car ce niveau, comme le montre bien Spinoza, contient toutes les essences de ce qui a été, est et sera.

 De la même manière que comprendre que la terre est ronde est contre-intuitif de notre expérience du haut et du bas, de même il est difficile pour nous de concevoir la simultanéité du passé, du présent, et du futur indépendamment du temps et de l’espace.
Ce qui apparaît le plus choquant ce sont les conséquences par rapport à notre libre arbitre. Si le futur est en quelque sorte inscrit de la même manière que le passé, où est notre liberté ? 
Mais en pensant cela, nous faisons une confusion entre les plans. Au niveau de l’essence, ce qui est inscrit ce sont des potentialités. La manière dont je les incarne dans l’espace et dans le temps, matériellement, émotionnellement, dépend constamment de ma propre conscience. 
Le futur n’est pas joué d’avance et le passé peut être constamment réinterprété. Le présent qui articule le passé et le futur dépendent de ma manière de jouer et de l’interpréter. Il n’en reste pas moins, comme au théâtre, que tout l’enjeu consiste à jouer juste, il y a des jeux qui sonnent faux et aussi des interprétations inaudibles. 
Nous sommes à chaque instant, à travers la qualité de notre conscience, comme les trompettes de Géricault, capables de désintégrer énergétiquement les illusions de la matière. 
Si nous accompagnons Mircea Eliade dans sa réflexion encyclopédique à travers toutes les grandes religions et les grands sages qui ont traversé l’humanité, nous retrouvons sous des formes diverses, cette connaissance des trois niveaux et ce mystère du potentiel infini qu’offre le troisième niveau. Toujours impossible à nommer, puisqu’il est l’espace de tous les noms, toujours impossible à situer puisqu’il est indépendant de l’espace, toujours impossible à rencontrer puisqu’il est indépendant du temps.
Cependant, l’histoire de la matière, de la vie et de la conscience, l’évolution que nous comprenons chaque jour un peu mieux de la complexification de notre monde à partir de son point d’origine, nous montre de fait : une conscientisation croissante du plan de l’information par lui-même. L’homme se caractérise justement par cette conscience de la conscience.
C’est pourquoi nous devons aller aujourd’hui vers une connaissance systémique, globale, holistique, qui réintègre les sciences dans un modèle informationnel global. Dans ce sens, le témoignage de Willis Harman et l’œuvre qu’il a mené au Noetic Center en Californie me semble pionnier au même titre que le travail de recherche d’Edgar Morin au CNRS, d’Ervin Laszlo dans le cadre du Club de Budapest et de Mario Varvoglis au sein de l’Institut Métapsychique International.

Merci de vos contres points sur cette question épistémologique essentielle.

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