2015/12/03

La COP21, versant artistique Le Monde.fr | 02.12.2015 à 15h42 • Mis à jour le 03.12.2015 à 15h08 |

La tenue de la COP21 à Paris a fédéré les envies dans le champ artistique : les initiatives se sont multipliées du côté des artistes comme des institutions pour mettre en résonance les problématiques climatiques ou pour s’engager plus directement sur les enjeux environnementaux. Voici une sélection de douze projets, expositions, initiatives à découvrir au cours du sommet.

La COP21, versant artistique

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La tenue de la COP21 à Paris a fédéré les envies dans le champ artistique : les initiatives se sont multipliées du côté des artistes comme des institutions pour mettre en résonance les problématiques climatiques ou pour s’engager plus directement sur les enjeux environnementaux. Voici une sélection de douze projets, expositions, initiatives à découvrir au cours du sommet.

  • Une COP de la culture à la Gaîté Lyrique
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Thierry Boutonnier, "Eteindre l’eau", performance, Centre d’art Le Lait, 2011.
La « Conférence des parties créatives » mise sur « l’imagination, la créativité et la collaboration pour construire et inventer ensemble une autre réponse aux défis climatiques ». Une centaine d’acteurs culturels, artistes, architectes, scientifiques et penseurs internationaux se réunissent chaque après-midi en public pour des séances de réflexion collective et des entretiens. Cette COP des milieux créatifs conduira à la rédaction d’un « manifeste pour la culture du monde de demain ». Un document qui sera relayé à travers les réseaux culturels du monde entier afin de fédérer et engager les artistes à la manière des résolutions de la COP21.
La « Conférence des parties créatives », jusqu’au 11 décembre, tous les jours de 15 heures à 18 heures à la Gaîté Lyrique, 3bis, rue Papin, Paris 3e. Accès libre. Toutes les rencontres sont visibles en streaming et archivées sur le site de la Gaîté Lyrique et d’ArtCOP21.
  • La « Marche immobile » de JR et Darren Aronofsky
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La vidéo "The Standing March", conçue par JR et Darren Aronofsky, le 30 novembre sur la façade de l'Assemblée nationale à Paris.
Le street artiste français JR et le réalisateur américain Darren Aronofsky s’associent, à l’occasion de la COP21, pour présenter une œuvre vidéo surprise, monumentale et projetée en plein air chaque nuit à Paris. Les manifestations sont interdites dans la capitale pour des raisons de sécurité ? Le duo propose The Standing March (la « Marche immobile »), qui a débuté sur la façade de l’Assemblée nationale, « le cœur de la démocratie française », les 29 et 30 novembre, et se poursuivra dans Paris sur des bâtiments révélés au dernier moment par les artistes toute la semaine. Sur une musique de 3D, du groupe Massive Attack, l’œuvre présente 500 personnes que l’on voit tourner sur elles-mêmes, les bras croisés, puis fixer leur regard vers les spectateurs parisiens. « The World Is Watching You Dear Leaders! » (« le monde vous regarde, chers représentants ! »), rappelle le duo aux 25 000 officiels réunis pour une dizaine de jours à Paris.
Jusqu’au 7 décembre.
  • Une installation stratosphérique au Grand Palais
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"Aerocene" au Grand Palais.
Aerocene est une œuvre hors normes, tout à la fois esquisse d’un laboratoire scientifique de pointe pour l’environnement, défi technique et collaboratif à relever et œuvre d’art engagée. L’objectif de cet ambitieux projet, imaginé par l’artiste argentin Tomas Saraceno : faire flotter dans la stratosphère, entre les ­avions et les satellites, une vigie du ­climaten open data, fournissant des données et des images en temps réel. Pour cela, l’artiste a imaginé un engin innovant capable de réaliser « le plus long vol thermodynamique » autour du monde, c’est-à-dire ne reposant que sur la chaleur du soleil (sans ­panneaux solaires), les infrarouges de la terre et les processus physiques naturels. Cette sculpturale « science-fiction » sera présentée sous forme de prototype sous la nef du Grand Palais. En parallèle, un colloque et un atelier sont organisés au Palais de ­Tokyo autour de la circulation des énergies et de ses ­implications « poétiques, éthiques et politiques ».
« Aerocene », du 4 au 10 décembre au Grand Palais dans le cadre de Solutions COP21. Au Palais de Tokyo, colloque le 6 décembre et atelier « Workshop Museo Aero Solar » les 5 et 6 décembre de 14 heures à 18 heures (construction d’un musée volant entièrement constitué d’emballages plastiques recyclés – ouvert à tous à partir de 5 ans).
  • Des icebergs invités par Olafur Eliasson à fondre en public 
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"Ice Watch".
Nous avions annoncé l’arrivée imminente à Paris de douze icebergs pêchés au large du Groenland par Olafur Eliasson. Avec l’état d’urgence, l’installation de l’œuvre éphémère de l’artiste danois a été reportée de quelques jours, et déplacée de quelques arrondissements : initialement prévue place de la République, elle sera finalement déployée place du Panthéon, le 3 décembre. Son nom, Ice Watch, évoque à la fois son concept et son principe : il s’agit d’une « montre de glace », puisque les blocs arctiques sont disposés comme les heures sur un écran, et les visiteurs pourront « regarder la glace » fondre, tel un compte-à-rebours aussi symbolique que concret, pendant toute la durée de la COP21.
Jusqu’au 11 décembre sur la place du Panthéon, Paris 5e.
  • « Climats artificiels », une exposition poétique plutôt que politique
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Tetsuo Kondo en partenariat avec TRANSSOLAR, "Cloudscapes", 2012, collection de l'artiste.
L’exposition « Climats artificiels » a été imaginée dans l’idée « d’accompagner la COP21 en faisant un pas de côté », explique Camille Morineau, sa curatrice. Elle présente des réflexions poétiques sur ce que sont le climat et la nature aujourd’hui avec une sélection d’installations, de photographies ou de vidéos se déployant autour d’un étrange nuage artificiel que l’on est invité à traverser en montant un escalier : le Cloud de l’architecte Tetsuo Kondo. La promenade permet de plonger le regard dans le ciel grâce à la Sky TVde Yoko Ono, de s’immerger dans des micro-jardins suspendus imaginés par Vaughn Bell, de contempler l’écume de mer depuis le ciel grâce à Ange Leccia ou encore de s’interroger sur le mystérieux code couleur de Champ d’Ozone, du collectif HeHe, qui exploite en temps réel les données sur la qualité de l’air parisien.
Jusqu’au 28 février à l’Espace Fondation EDF, 6, rue Récamier, Paris 7e, du mardi au dimanche de 12 heures à 19 heures (sauf jours fériés), entrée libre.
  • « Exit », de Paul Virilio, réactualisée au Palais de Tokyo
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Population et migrations urbaines, vue de l’exposition "Terre Natale, Ailleurs commence ici" (2008- 2009). Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris.
L’œuvre, présentée en 2008 à la Fondation Cartier dans l’exposition « Terre Natale, Ailleurs commence ici », avait marqué les esprits. Conçue sur une idée de Paul Virilio par les artistes et architectes Diller Scofidio + Renfro, Exit a été réalisée en collaboration avec l’architecte Laura Kurgan, le statisticien Mark Hansen, ainsi qu’avec un groupe de scientifiques de diverses disciplines. Dans cette installation vidéo immersive sont projetées, à 360°, six cartes animées générées à partir de données statistiques portant sur les mouvements de population dans le monde et leurs principales causes. L’œuvre a été entièrement actualisée, à l’occasion de la COP21, reflétant l’évolution alarmante des données depuis sa première présentation. Un cruel appel à réagir.
voir jusqu’au 10 janvier au Palais de Tokyo, 3, avenue du Président-Wilson, Paris 16e.
  • « L’Eau qui dort » : nos déchets, nos dénis
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L'installation "L'Eau qui dort", de Michael Pinsky à La Villette.
Vélos, lits, chaises, poussettes, frigos, panneaux, chariots… : si les fonds marins parisiens ne font pas rêver, ils sont, en revanche, révélateurs de notre rapport à la consommation et à l’environnement, comme le montre l’installation de Michael Pinsky, L’Eau qui dort. C’est-à-dire un certain déni, car ces déchets oubliés, engloutis, invisibles, n’en sont pas moins polluants. Telles sorties de l’inconscient collectif, l’artiste a ainsi choisi d’exposer quarante de ces « sculptures » urbaines, boueuses et rouillées, repêchées dans le canal de l’Ourcq. Elles sont présentées à fleur d’eau, comme flottant à la surface et éclairées de façon fantomatique.
Jusqu’au 3 janvier à La Villette, en face de La Géode, Paris 19e.
  • Une unité de soin pour guérir le monde marin
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Vue de l'installation de Janet Laurence "Deep Breathing – Resuscitation for the Reef" à la Grande Galerie de l'évolution du Muséum national d'histoire naturelle.
L’artiste australienne Janet Laurence a imaginé une unité de réanimation pour un site malade : la Grande Barrière de Corail. Son installation à l’entrée de la Grande Galerie de l’évolution du Muséum national d’histoire naturelle révèle le bilan de santé de ce lieu symbolique et propose des moyens d’action, invitant à réfléchir à la possibilité de guérir notre monde marin des conséquences du réchauffement climatique et de l’activité humaine. L’Australian Museum, qui exposera l’œuvre en 2016, a ouvert une résidence à l’artiste en juillet dernier sur Lizard Island, où des recherches scientifiques pour l’avenir des coraux sont en cours. Une vidéo de ce projet, qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative soutenue par l’ONU pour la COP21, est également projetée à l’Aquarium Tropical du Palais de la Porte Dorée.
« Deep Breathing – Resuscitation for the Reef », Grande Galerie de l’évolution, 36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, Paris 5e.
  • 24 heures de vidéos d’art sur l’environnement
Ikono TV est une chaîne entièrement consacrée à l’art, de l’Antiquité à l’art contemporain, qui diffuse des programmes courts 24 h/24 en collaboration avec des artistes, des musées, des collections et des archives du monde entier. Le 5 décembre, elle lancera « Art Speaks Out », soit 24 heures de vidéos d’art contemporain sur l’écologie et l’environnement, en collaboration avec ArtCOP21.
A partir de 18 heures sur le canal 150 de l’opérateur Free ou en streaming sur ikono.tv.
  • Les photojournalistes au coin de la rue
image: http://s1.lemde.fr/image2x/2015/12/02/534x0/4822463_6_55fa_l-une-des-photographies-exposees-par-dysturb_585d73ef58d07db20c07fbb01ea8fdc2.jpg
L'une des photographies exposées par Dysturb dans une rue de Paris.
La campagne sauvage de fausses publicités du collectif Brandalism visant à dénoncer « les mensonges » des sponsors de la COP21 n’aura survécu que quelques heures après l’effet de surprise escompté, à l’ouverture du sommet. En partenariat avec la Fondation MagnumDysturb, qui diffuse le travail des photojournalistes dans l’espace public, propose un autre type d’affichage sauvage, avec une vingtaine de photographies grand format collées dans les rues de Paris. Chacune d’entre elles vient illustrer une donnée statistique sur le climat ou l’environnement, avec la possibilité d’écouter, grâce à son smartphone, le photographe raconter l’histoire de son image.
  • Un générateur mondial d’énergie humaine
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Simulation de "Human Energy", de Yann Toma.
La tour Eiffel va se transformer en phare mû par l’énergie humaine et la préoccupation pour le climat. Le Français Yann Toma, qui se trouve être l’unique artiste-observateur à l’ONU, a imaginé pour la COP21 une œuvre lumineuse et participative. « Human Energy » va, en effet, comptabiliser l’énergie calorique produite par 75 millions de sportifs dans le monde grâce à l’application RUNTASTIC (soit 284 millions de calories brûlées en moyenne par jour) et l’énergie de la pensée produite lors du sommet de la Terre, avec le décomptage des tweets générés par la COP21 (près d’un milliard de tweets attendus en sept jours). Cette énergie physique et intellectuelle symbolique est traduite sous forme d’unités d’Energie Artistique (EA) et affichée sur un compteur. Arrivé au seuil de 999 millions d’EA, le flux se transforme en un rayonnement monumental depuis le sommet de la tour Eiffel.
Pour participer, il suffit d’utiliser les hashtags #COP21 #HumanEnergy #Climatesign #ParisClimat2015 et #ClimateChange sur Twitter. Du 6 au 12 décembre.
  • Le « Bureau des passeports » : une œuvre engageante
image: http://s1.lemde.fr/image2x/2015/12/02/534x0/4822464_6_1d7f_un-bureau-des-passeports-universels_cc33ebbd23ba468a24c50bd470ff91fb.jpg
Un "Bureau des passeports universels antarctiques" de Lucy + Jorge Orta.
Lucy + Jorge Orta délivrent des « passeports universels antarctiques » depuis 2007, année où ils ont implanté un « Village antarctique » lors d’une expédition polaire (cette œuvre est visible jusqu’au 3 décembre au ministère de la culture). Quel meilleur territoire que cet espace immaculé pour créer une communauté mondiale de citoyens engagés dans la protection des environnements menacés et la lutte contre le changement climatique ? Alors que plus de 50 000 passeports sont aujourd’hui en circulation, le duo d’artistes ouvre un bureau de distribution des passeports à l’échelle du Grand Palais pendant la COP21, invitant chaque nouveau citoyen à signer une charte d’engagement. Le duo d’artistes espère distribuer 30 000 nouveaux passeports et étendre ainsi la « Communauté universelle antarctique » à 100 000 membres.
Le samedi 5 décembre à 10 h 30 au Grand Palais, 3, avenue du Général-Eisenhower, Paris 8e.
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En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/arts/article/2015/12/02/la-cop21-versant-artistique_4822466_1655012.html#rr8gkTjlc6Fu1z5h.99

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