2011/03/02

CONFERENCE DE MICHEL SALOFF COSTE SUR LA MOBILITE


La mobilité de la mobilité par Michel Saloff Coste from UNIVERSITE INTEGRALE on Vimeo.
La mobilité de la mobilité par Michel Saloff Coste
Prospective 2100 - Paris - Mars 2011


Cher Membre

Je vous prie de noter ci-après l'annonce d'une prochaine conférence du soir de PROSPECTIVE 2100, le mercredi 2 mars 2011 :

Conférence 21OO N° 129

La mobilité de la mobilité : Le futur de la mobilité

par

Michel SALOFF COSTE
Prospectiviste, Chercheur, Entrepreneur


Nous essayons de comprendre le futur de la mobilité mais aussi comment la mobilité a évolué dans le passé. Ce sera l’occasion, à travers la question de la mobilité, de
comprendre comment notre imaginaire du futur s’est transformé.
Nous donnerons des exemples concrets des formes que pourront prendre la mobilité dans le futur. La présentation s’appuie sur trente années de recherches de Michel
Saloff Coste en prospective et son travail de réflexion stratégique sur le futur de ce secteur industriel. La question de l’énergie utilisée pour permettre la mobilité et de la
dépendance actuelle de la mobilité par rapport au pétrole ainsi que les solutions alternatives seront abordées.

Cette conférence s’inscrit dans le cycle de recherche et de présentation, initié par Michel Saloff Coste, dans le cadre de l’élaboration de son prochain livre « La planète du
troisième Millénaire ». Michel Saloff-Coste est l’auteur de plus de dix livres et de très nombreux articles sur la transformation des organisations et des sociétés.

Mercredi 2 mars 2011 à 17h30

à l'ISEP - 28, rue Notre Dame des Champs - Paris 6ème
Métro : Notre Dame des Champs
Parking FNAC: 153 bis Rue de Rennes

Je vous prie de bien vouloir confirmer votre participation.
Je vous remercie de votre coopération et vous prie d'agréer, Cher Membre, l'expression de mes meilleurs sentiments.

Lucien DESCHAMPS
Secrétaire Général

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La mobilité de la mobilité
Michel Saloff Coste membre de l'association 2100
Directeur de la Recherche et des Relations Internationales de In Principo Consulting
17 Juin 2011

Nous sommes aujourd'hui à un tournant de l'histoire.
Nous traversons une crise financière, économique et sociale sans précédent ; nous risquons une catastrophe écologique majeure.

Nous devons maintenant  inventer un monde nouveau. C’est la responsabilité qui nous incombe.

Nous ne réglerons pas les problèmes du XXIe siècle avec les instruments et les idées du XXe siècle.
Il y a une prise de conscience universelle que la voie dans laquelle le monde était engagé depuis plusieurs décennies doit être réinterrogée. Dans les temps faciles les esprits mécaniques suffisent, dans les temps difficiles, il faut savoir accueillir et canaliser l'émotion, mais il faut en plus et surtout avoir du génie pour trouver des solutions novatrices hors des habitudes communes.



La mobilité et son importance pour l'homme.

-        La mobilité va croissante à travers l'histoire, de la lithosphère minérale à la biosphère vivante et à la noosphère informationnelle.

-        L'homme est l'animal de la mobilité !

-        L'homme, en effet, est le seul animal à être sortie de sa niche écologique pour conquérir le monde.

-        A titre individuel, dès qu'il en a les moyens, l'homme devient de plus en plus mobile.

-        Professionnellement c'est souvent une obligation contemporaine mais c'est aussi un choix préféré pour les loisirs.
La mobilité a été longtemps l'apanage du luxe, il est de plus en plus perçu comme un devoir de culture sinon même comme un droit ! (comme le fait de savoir lire et écrire ou de parler plusieurs langues)

-        La mobilité est même, déjà, devenu une "destination" en temps que telle ! Comme c'est le cas dans l'évolution de l'usage des croisières.



Un contexte mondial.

-        En moins de deux siècles nous sommes passés de 1 milliard à 7 milliards d'être humains et les candidats à la mobilité sont en croissance exponentielle du fait de l'émergence économique des BRIC, Brésil, Russie, Inde et bien évidemment de la Chine !
-        D’ici 20 ans, la seniorisation de la société, l’éclatement des structures familiales, la multirésidentialité, la métropolisation croissante des territoires génèrent mécaniquement une demande accrue de déplacements.


Cependant nous devons constater que la mobilité actuelle (routière et aérienne) est massivement dépendante de l'usage du pétrole et de ce fait émettrice de gaz à effet de serre :

-        Les déplacements se font encore a plus de 80% en voiture.
-        Le pétrole est aussi à plus de 90% la source d'énergie utilisé pour la mobilité.

L'élan multiséculaire vers la mobilité bute aujourd'hui sur la crise de notre système actuel de déplacement du fait :
-        Du cout croissant du pétrole et de la spéculation qui en résulte logiquement.
-        Du "peak oil" très proche et de l'épuisement des ressources pétrolifères, qui se dessine.
-        Des tensions géostratégiques liées à notre dépendance vis à vis des pays producteurs de pétrole.
-        De l'effet de serre  et du risque croissant de réchauffement climatique de 2°C à 4°C d’ici 20 à 30 ans.
-        De la nécessite de décarboner l'économie pour réduire les coûts d’adaptation.
- Des mesures incitatives (ex. baisse des vitesses routières, promotion des modes doux, fiscalité carbone) visant à promouvoir de nouveaux comportements dé carbonés.


Quel est le cahier des charges de la mobilité de demain ?
 Certaines caractéristiques de la demande  sont largement partagées par tous :
-        Etre pris en charge de son point de départ à son point d'arrivée.
-        Etre déchargé des aléas du voyage et de l’adaptation en temps réel du déplacement en terme multimodal
-        Rester connecté.
Mais c'est aussi de manière plus complexe :

-        Vivre une "expérience qualitative" qui comble des besoins diversifiés d'un individu à l'autre. Ex : adolescents, mère de famille nombreuse, homme d'affaire, handicapé, personnes âgées, voyageur pendulaire, touriste …
Enfin du point de vue du bien commun et des générations futures il nous faut :

-        Avoir un impact positif sur l'écologie planétaire plutôt qu'un impact négatif
-        Etre socialement responsable, humainement riche et économiquement viable.
-        Dans une perspective de développement "durable" ou "soutenable" les solutions que nous avons à élaborer aujourd'hui doivent pouvoir être étendues à différentes échelles : si aujourd'hui, nous avons au niveau mondiale, un milliard de candidats à la mobilité, nous en aurons demain deux milliards et bientôt bien plus.
-        Il est clair que la mobilité actuelle, essentiellement assurée par la voiture individuelle, ne répond pas à ce cahier des charges : trop de pollution, trop d'espace occupé, trop de temps perdu, trop de matériel immobilisé et improductif. Une voiture individuelle n'est utilisée que 4% de son temps, 90% de l'énergie sert au transport de la voiture elle même.

Cette nouvelle mobilité passe, bien sur, par des solutions informatiques (software) mais aussi par des investissements d'envergure planétaire en infrastructure et matériels (hardware).
-        Les innovations NTIC sont mobilisées au service d’une amélioration du vécu du voyage et de la « transparence »  des changements de mode.
-        L’innovation technologique est indissociable de la facilité d’usage pour éviter de marginaliser une partie de la population
-        Au plan mondial, le mode de mobilités auront à satisfaire des socio-types variés en termes de vécu de la mobilité et fera de ses clients des co-producteurs du service (information, services à la personne,  affinités communautaires …).
-        Le poids croissant des solutions informatiques dans la mobilité globale fait émerger de nouveaux acteurs dans le champ de la concurrence, qui proposent l’intégration des services immatériels : information, distribution, guidage, géo localisation, optimisation des itinéraires, rapprochement offre-demande (covoiturage),  gestionnaires de modes partagés …
-        Les investissements massifs en infrastructures et matériels doivent être considérés comme des biens collectifs au service de notre développement durable et des générations futures et dès lors financés de manière adaptée au niveau national  européen et mondiale.


Le financement

-        Le financement des nouvelles infrastructures dans des pays européens (déjà très équipé) confrontés à une crise des finances publiques et à un vieillissement de la population restreint les ambitions de développement dans la seul Europe mais la demande au niveau mondial est considérable. Répondre à des appels d’offres internationaux partiels via une ingénierie nationale ne suffit plus, notamment avec la concurrence de plus en plus pressante de la Chine. Une attitude proactive, misant sur les compétences acquises ces 20 dernières années en Europe dans la grande vitesse et dans l’exploitation des systèmes complexes est une question de survie pour ces compétences en Europe !
-        Nouer des partenariats stratégiques au niveau européen, à l’instar de ce qui a été fait avec Airbus, est indispensable pour rendre crédible cette ambition. Une posture proactive pour une ingénierie européenne globale doit intégrer la dimension financière. Nous devons être capable de proposer des solutions clefs en mains qui s'auto finance. Réaliser des grands projets «  clés en mains », relève d’une volonté politique de la France en phase avec la volonté de l'Europe d'avoir une politique industrielle ambitieuse.
-        Cela appel une évolution stratégique, l'affirmation d'une logique partenarial et le développement de coopérations multiples sur les bases d'écosystème d'innovation ouverte planétaire .


Un exemple prospectif de la mobilité : "La Bulle" moyen de transport universel en 2040

 Poussons jusqu'au bout nos trois idée : point à point, qualité de l'expérience,  multi modalité.

Le point à point est une demande générique universelle qui correspond à un besoin fonctionnel et objectif.La qualité de l'expérience est au contraire liée à la singularité de chacun. C'est avant tout un ressenti subjectif. Ce ressentie dépend beaucoup de la possibilité dont chaque voyageur dispose ou non de personnaliser et adapter le vécu de son voyage à partir de ses besoins, de ses gouts et de ses valeurs.

Ces deux critères essentiels, point à point et qualité de l'expérience, expliquent aujourd'hui le succès de l'automobile qui peut être conduite de point à point tout en étant adaptable au gout de chacun et en permettant de personnaliser son voyage.

La multi modalité est une façon de répondre de manière nouvelle à ce besoin en allant beaucoup plus loin en terme de fonctionnalités, économie, service, flexibilité, automatisme, sécurité, fiabilité, agréments divers.

Chaque voyageur pourrait acheter, personnaliser et adapter une "bulle" spécifique, qui répondrait à un ensemble de normes et standards universels afin de permettre sa gestion de point à point (comme cela ce fait pour les containers).

Cette bulle serait pris en charge par un ensembles de transporteurs, chaque transporteur serait le plus adapté au segment du voyage en fonction des critères du voyageur et aussi de l'optimisation écologique, social et économique.

Au début et à la fin du voyage la bulle pourrait par exemple être prie en charge par une voiture électrique à conduite robotisée et automatique. Le reste du voyage pourrait mixé train, avion, bateau en toute transparence pour le voyageur qui pourrait continué a dormir, travaillé ou s'amuser dans sa bulle.

Sur les différents segments du voyage, où cela est possible, il pourrait sortir et jouir des possibilités offertes par ce segment spécifique du voyage : rencontres, expériences sensorielles particulières, visions panoramiques, etc….  qui pourront lui être suggérés (informatiquement) en fonction de ses gouts et centre d'intérêts.

Chacune des bulles étant gérée informatiquement, le parcours pourrait être constamment modifié et optimisé en temps réel sur la grille des possibilités à partir des bases de données : transporteurs disponibles, mais aussi des aléas divers, comme embouteillages, accidents, grèves etc …

A l'arrivée comme au départ, la bulle peut être intégrée au lieu de séjour et permettre de bénéficier de la bulle et de son caractère résidentiel y compris en dehors des voyages.

On peut imaginer une nouvelle forme d'hôtellerie, qui consisterait de fournir un certain nombre de services complémentaires à des bulles, qui en constitueraient les chambres en s'emboitant dans l'architecture.

Chaque bulle à son arrivée viendrait s'insérer à un emplacement, qui la connecterait au service de l'hôtel. L'hôte pourrait rester dans la bulle tout en bénéficiant du service d'un hôtel.

Les maisons individuelles seraient aussi conçues pour recevoir une ou plusieurs bulles pour permettre la visite d'amis.

De cette manière nous pourrions voyager dans le monde entier et rester chez sois ou inversement !