2000/01/01

1965


Je suis très fier, j'ai mon chamois de bronze, une épreuve de slalom spécial à ski qui est très difficile à cette âge. Mais je suis terriblement malheureux, car cette année-là, c'est ma première année de pension. Je soufre de la séparation d'avec ma famille et surtout de ma mère. Au collège, je me console en inventant l'histoire de deux enfants, une fille et un garçon devenus orphelins qui partent à l'aventure dans les différentes régions de France. Tous les mercredis, je raconte mon histoire aux enfants de la classe, je deviens célèbre dans le collège, les autres enfants m'appellent la "grand mère". Je me dis qu'il ne reste plus qu'à rajeunir jusqu'à la fin de ma vie. 




La question de la vérité

D'après les connaissances de mon époque je suis nait dans un univers qui avait déjà quinze milliards d'années d'existence.
L'univers visible s'étend sur quinze milliard d'années lumière est comporte des millions de millions de galaxie qui se compose elle même de milliard d'étoiles.
Notre soleil et notre terre sont nait semble t'il y a dix milliard d'années et fond partie de la galaxie bien particulière qui s'appelle la voie lactée.
Nous dérivons dans un espace si immense et a une vitesse si grande que j'ai bien du mal a le concevoir et à l'expliquer.
Très tôt vers six ans je me suis demander ce que j'était venu faire sur la terre. Je n'était pas du tout heureux et tout particulièrement du faite de la contrainte de ma scolarisation qui m'apparut très vite comme un torture insupportable.
A sept ans mes parents m'expliquèrent que j'avait atteint "l'âge de raison" cela me laissa rêveur : voulait-il dire qu'avant je n'était pas raisonnable ?
Quoi qu'il en soit je me suis dit qu'il serait amusant d'explorer plus en détail cette "raison" toute neuve donc j'étais gratifié.
Mais quelle question poser ?
Quel pourrait bien être le sujet de mon résonnement ?
Je n'avais pas envie de déflorer ma raison toute neuve sur une question triviale ?
La virginité de ma raison appelait une question essentielle, immense, éternelle ?
J'ai laissé mon âmes rêver et vagabonder dans de longue songerie sur la nature de cette question hypothétique que j'allais poser à ma raison toute neuve ?
Parallèlement j'avais "décider" de croire en Dieux.
Je me  rendait bien compte que Dieux était hypothétique comme le Père Noël mais il ma semblé alors qu'un monde sans Dieux était absurde et vu la torture de l'école et ma vie de ce fait si malheureuse l'hypothèse d'un monde absurde m'amenait au suicide : tout simplement pour faire cesser ma souffrance.
Un monde avec un dieu créait la possibilité d'un mystère à découvrir, d'un sens à explorer et d'une rédemption de la souffrance.
Je pouvais me dire par exemple que Dieux me faisait souffrir pour une raison que j'ignorait mais un jour cette souffrance pourrait se transformer en grâce, comme "le petit poucet"[1] qui finalement se trouve lui même a travers son égarement.
Dieux était de ce faite devenu mon meilleur copain : j'avais d'immense discussion avec lui, malgré la coutume de l'époque de le vouvoyer, je me surprenais à le tutoyer de plus en plus : nous étions à tu et a toi, les meilleur copains du monde, "cu et chemise".
Cela a aboutit à phénomène un peu particulier.
J'étais de plus en plus convaincue que Dieux existait ; nos dialogues enflammer, plein d'humour et de grâce était bien plus consistant et "réelle" que la sombre réalité qui m'entourait et cette horrible école ou nous étions traité comme des perroquets savants.
Mais, le monde lui, alors n'était peut-être qu'un rêve, une illusion.
Imperceptiblement la question s'était retournée dans l'autre sens.
Certes Dieu existait puisqu'il était devenu mon quotidien mais le monde existait-il vraiment ?
Vers l'âge de 8 ans, durant une messe, j'ai capté une citation du Christ : "Tout ce que vous demanderez en mon nom vous sera donné". 
Cette phrase a résonné en moi et je me suis demandé : "Qu'aurais-je envie de demander à Dieu ?"
Évidemment j'ai posé cette question avec tout le sérieux de l'enfance en sachant qu'en rentrant dans ce processus, j'étais en train de toucher à quelque chose de très important puisqu'au fond j'allais inscrire la première demande que je voulais poser à Dieu.
Cette méditation m'a suivi pendant des semaines et régulièrement je me reposais la même question.
Petit à petit, par un processus d'exclusion successive, j'ai approfondi ce qui pour moi était l'essentiel, car quitte à demander quelque chose à Dieu, autant lui demander l'essentiel.
Je suis arrivé à la fois par la rationalité et par l'intuition à me dire que l'essentiel de l'essentiel était de lui demander la Vérité.
Ayant identifié la vérité comme le bien suprême je me suis mis en prière et je me suis engagé vis-à-vis de Dieu à me dévouer à lui corps, âme et esprit dans la mesure où cette dévotion me permettrait d'accéder à la Vérité.
Au fond cette quête de la Vérité, je le dirai d'une manière un peu prosaïque, m'amenait à déshabiller Dieu, car dès cet instant le mot Dieu n'était plus qu'une étiquette qui ne faisait que camoufler quelque chose qui se révélerait à travers cette Vérité.
Cette quête de la vérité est fondatrice de l'humanisme car elle est spécifique de l'homme en ce sens que cette question de la vérité, c'est la singularité de l'animal humain par rapport à tous les autres animaux.
Cette recherche de la vérité m'a amené assez rapidement à identifier les deux autres questions ontologiques, questions qui traitent de l'être et qui sont propres à l'homme : la question du beau et du bon.
Ces deux questions sont subordonnées à la question de la Vérité car, en quelque sorte, la question de la bonté "vraie" pose d'abord la question de la vérité. Quant à l'esthétisme dégagé de la problématique morale ou de la problématique éthique - une esthétique qui serait réduite à elle-même - déjà à cet âge-là, j'en percevais la superficialité.
Les trois questions ontologiques se résument en une seule : la question de la vérité. La vérité se déploie avec du coeur à travers la bonté et se cristallise dans la dimension esthétique. Dans l'esthétisme on met en oeuvre la vérité en incorporant la bonté dans la chair, en la rendant vivante. On retrouve les trois niveaux de l'être : l'esprit pose la question de la vérité, le coeur pose la question de la bonté et l'incarnation pose la question de l'esthétisme.
Cette hiérarchie est une illusion car les trois dimensions ontologiques s'imbriquent les unes dans les autres; l'énoncé de la vérité est esthétique et acte de bonté. Inversement il n'y a pas de bonté qui ne puisse se fonder sur une certaine conscience de la vérité et ainsi de suite... aucun corps, aucune forme n'est belle que par résonance, comme révélation d'une certaine vérité, d'une certaine bonté.
Cette hiérarchie des trois dimensions ontologiques est essentiellement un outil conceptuel ; dans la pratique, dans le vécu, les trois dimensions ontologiques sont mêlées.
Il est intéressant de les distinguer pour mieux comprendre le problème de la cohérence. La phrase qui me vient est celle de Malraux : "Les idées ne sont pas faites pour être pensées, elles sont faites pour être vécues." C'est une très belle phrase sur la cohérence. Une autre très belle phrase du Général de Gaulle : "Dans les temps faciles les esprits mécaniques suffisent ; dans les temps difficiles il faut en plus du sentiment et même du génie". Encore une fois on retrouve, d'une manière résumée, les trois niveaux ontologiques.


[1] "Le petit poucet" un conte pour enfant très populaire en France.


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